Broken Glass by Sally Grindley

Auteur:Sally Grindley [Grindley, Sally]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Dyslexique
ISBN: 9782081220935
Éditeur: Flammarion
Publié: 2011-01-11T23:00:00+00:00

CHAPITRE 15

Nous avons vu la ville s’éveiller autour de nous tandis que nous passions d’un tas d’ordures à l’autre et, au fur et à mesure, je me rendais compte que j’attendais la nuit avec impatience, le moment où je pourrais me rouler en boule sur notre île et dormir. La façon dont Vikas et ses amis réussissaient à conserver leur entrain me fascinait. Bien avant qu’on ne s’arrête, au milieu de la journée, j’avais mal au dos, les pieds en compote et le sentiment que les odeurs nauséabondes qui montaient des ordures s’étaient infiltrées dans les moindres pores de ma peau. Le sac de Vikas était presque plein. Le mien n’était même pas rempli au quart et pareil pour celui de Sandeep. Pourtant, ils commençaient à peser lourd sur nos épaules affaissées.

J’étais franchement soulagé lorsque Vikas a enfin décrété que nous avions fini pour la matinée. Il a alors ajouté qu’il fallait laver tout ce que nous avions ramassé.

— Vous pourrez en profiter pour vous laver en même temps, a-t-il dit en riant.

— Pourquoi faut-il tout laver ? a voulu savoir Sandeep.

— Les revendeurs refuseront d’y toucher si ce n’est pas propre, a expliqué Vikas tandis que nous le suivions péniblement dans une rue étroite. Ils veulent pas prendre le risque d’attraper des maladies.

— Où on va le laver ?

— Il y a un endroit au bord du canal où on a accès à l’eau. Certains d’entre nous vont là, d’autres à un vieux robinet au dépôt des chemins de fer ; y en a qui préfèrent les pompiers et qui leur filent la pièce ; pour d’autres, c’est la tannerie et d’autres encore se servent du robinet près du bidonville.

Nous avons continué à avancer en silence. Vikas marchait encore vite et Sandeep était de plus en plus à la traîne. J’essayais de combler l’espace qui les séparait mais, même moi, je ne parvenais plus à maintenir l’allure que Vikas imposait.

— Venez, vous deux, a-t-il dit avec impatience. Le revendeur nous attendra pas si on n’arrive pas à l’heure.

J’étais inquiet à l’idée que le revendeur estime que nous n’étions pas assez performants et ordonne à Vikas de travailler avec quelqu’un d’autre ; cependant, si, à ce moment précis, cela avait eu comme conséquence de m’autoriser à m’étendre, j’aurais sans doute été enchanté de cette décision. Sandeep, qui s’y était mis avec plus d’enthousiasme que moi, en avait déjà sa claque. Mais il n’était pas question de renoncer au bout d’une matinée. Si les autres garçons s’en accommodaient, alors, sûrement, ce n’était pas si grave que ça. Sûrement une question d’habitude. Une fois entraînés, nous n’aurions peut-être plus mal aux pieds ni au dos. Au bout d’un moment, cette puanteur tenace ne nous dérangerait plus. Et même les rats et les chiens nous ficheraient peut-être la paix. Ainsi que le bétail. J’avais dû me battre avec un bœuf pour une grande caisse de déchets et je n’avais pas aimé sa façon de me regarder.

Enfin, Vikas a tourné au coin d’une rue et on a vu le canal.

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